Dans mon quotidien d’iconographe, il m’est très souvent donné de faire des découvertes visuelles et de belles rencontres. M’arrêter sur un cliché et puis pousser ma curiosité vers l’ensemble d’un regard. Voilà ce qui m’est arrivé avec le travail du photographe français Guillaume Bonnel.
Pour ce membre des collectifs l’Œil arpenteur et France.s, Territoire liquide, docteur en droit de l’environnement, le paysage est naturellement au cœur de sa réflexion photographique, que ce soit lors de ses missions pour l’Observatoire photographique du Paysage ou pour ses projets personnels.
Avec l’exposition Aleascapes, il est des expériences où la photographie allie l’aspect de recherche à la dimension sensible du territoire.
« Depuis plusieurs années, Surfrider Fondation Europe s’engage auprès des instances internationales sur la transition écologique et mène des actions de sensibilisation auprès du public. Avec le projet Surfrider Art Campus, SFE invite régulièrement des artistes à donner leur vision du changement climatique en partant du principe que la prise de conscience passe aussi par la force émotionnelle d’une rencontre artistique.
En 2019, l’association a fait le choix d’un partenariat avec deux photographes du collectif l’Oeil arpenteur, Lionel Bitsch et Guillaume Bonnel, pour immerger le spectateur dans ces paysages littoraux menacés tant par l’érosion, les submersions ou les inondations. Aleascape est le fruit de cette collaboration. »

Noirmoutier

Ondres

Orio

Zumaia
Cette série photographique nous présente des paysages côtiers modelés par l’omniprésence de l’eau qui en modifie ses contours inexorablement. Au sein de cette exposition, deux regards pour deux territoires, pour Lionel Bitsch, le littoral méditerranéen aux abords de Gênes et pour Guillaume Bonnel, la côte littorale atlantique avec la série « Se peut étendre sur les grèves ».
Les déambulations photographiques nous donnent à voir des paysages maritimes, dans leur perpétuelle mouvance menacée en prise avec l’eau. La présence humaine y est palpable dans les efforts déployés pour pallier les risques littoraux, comme la submersion entre autres. On ne peut que constater les chantiers et interventions, souvent menés à la hâte, pour protéger tant bien que mal, les infrastructures présentes ou tout simplement tenter de limiter l’érosion. L’action de l’homme dévoilant ainsi toute la vulnérabilité de cet espace maritime face aux phénomènes naturels.
Passeur d’émotion face au défi d’affronter l’énormité de ces transformations inéluctables, Guillaume Bonnel témoigne de manière réaliste et précise de cette fragilité, en privilégiant des vues frontales.

Bermeo

Hossegor

L’exposition devait être accueillie in-situ à Lacanau, ville emblématique pour sa problématique de son recul du trait de côte. Mais pour les raisons sanitaires inédites que connait la France depuis plusieurs mois, l’organisation a été contrainte de repenser la manière dont pouvait être visitée l’exposition. La galerie virtuelle Kunstmatrix, plateforme en ligne permet aux artistes de présenter leur travail en 3D.
L'exposition sera en ligne jusqu'au 20 janvier 2021.
https://artspaces.kunstmatrix.com/en/exhibition/3040376/aleascapes
La démarche photographique de Guillaume Bonnel est un outil complémentaire aux moyens d’analyse habituels des acteurs en charge des territoires, pour l’éveil des consciences aux problématiques liées à l’urgence climatique.
*L'anthropocène : n.m. signifie étymologiquement « L’Âge de l’Homme », est la période actuelle des temps géologiques où l'influence de l'être humain sur la biosphère a atteint un tel niveau qu'elle est devenue une « force géologique » majeure capable de marquer la lithosphère. On fait coïncider le début de l’anthropocène avec celui de la révolution industrielle au XVIIIe siècle.
Pour en savoir un peu plus sur le travail photographique de Guillaume Bonnel :
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